Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, VII.djvu/454

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tout au plus, il y a un village, et dans ce village une bonne vielle femme qui croit que je suis encore un honnête homme.

CARMEN.

Une bonne vieille femme ?…

JOSÉ.

Oui… ma mère.

CARMEN.

Ta mère… Eh bien là, vrai, tu ne ferais pas mal d’aller la retrouver… car, décidément, tu n’es pas fait pour vivre avec nous… chien et loup ne font pas longtemps bon ménage…

JOSÉ.

Carmen !…

CARMEN.

Sans compter que le métier n’est pas sans péril pour ceux qui, comme toi, refusent de se cacher quand ils entendent des coups de fusil… plusieurs des nôtres y ont laissé leur peau, ton tour viendra.

JOSÉ.

Et le tien aussi… si tu me parles encore de nous séparer et si tu ne te conduis pas avec moi comme je veux que tu conduises…

CARMEN.

Tu me tuerais, peut-être ?… (José ne répond pas.) À la bonne heure !… j’ai vu plusieurs fois dans les cartes que nous devions finir ensemble. (Faisant claquer ses castagnettes.) Bah ! arrive qui plante !…

JOSÉ.

Tu es le diable, Carmen ?…

CARMEN.

Mais oui ! je te l’ai déjà dit…