Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, VII.djvu/464

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JOSÉ.
C’est une zingara, mon cher. Elle s’appelle ?
ESCAMILLO.
Carmen.
JOSÉ.
Carmen. Carmen !
ESCAMILLO.
Carmen. Carmen ! Elle avait pour amant

Un soldat qui jadis a déserté pour elle.

JOSÉ.
Carmen !
ESCAMILLO.
Carmen ! Ils s’adoraient, mais c’est fini, je crois :

Les amours de Carmen ne durent pas six mois.

JOSÉ.
Vous l’aimez cependant !
ESCAMILLO.
Vous l’aimez cependant ! Je l’aime.
JOSÉ.
Mais pour nous enlever nos filles de Bohême,

Savez-vous bien qu’il faut payer ?…

ESCAMILLO.
Savez-vous bien qu’il faut payer ?… Soit ! on paiera.
JOSÉ.
Et que le prix se paie à coups de navaja !…

Comprenez-vous ?

ESCAMILLO.
Comprenez-vous ? Le discours est très net…

Ce déserteur, ce beau soldat qu’elle aime,
Ou du moins qu’elle aimait, c’est donc vous ?

JOSÉ.
Ou du moins qu’elle aimait, c’est donc vous ? C’est moi-même.
ESCAMILLO.

J’en suis ravi, mon cher, et le tour est complet !

Tous les deux, la navaja à la main, se drapent dans leurs manteaux.