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LE COMTE, à Bergerac.
I
- En venant, comme moi, faire la cour aux belles,
- Ne te sens-tu pas là quelque ombre de remords ?
BERGERAC.
- Nos manières d’agir sont assez naturelles,
- Nous sommes mariés, j’en demeure d’accord !
LE COMTE.
- Mais puisque l’on nous a séparés de nos femmes,
- Puisqu’on nous les refuse, il me semble évident…
BERGERAC.
- Que nous pouvons fort bien faire la cour aux dames,
- Cela ne compte pas, car c’est en attendant.
ENSEMBLE.
- Nous sommes, dans le fond, fidèles à nos femmes,
- Si nous aimons ailleurs ce n’est qu’en attendant.
La Corilla parait et descend l’escalier du fond ; le comte et Bergerac lui offrent leurs bouquets.
II
LE COMTE.
- Acceptez, belle enfant, ces humbles violettes
- Qui naguère embaumaient les clairières des bois.
BERGERAC.
- Lorsque vous chanterez, près de vous les pauvrettes
- Croiront des rossignols reconnaître la voix.
LE COMTE.
- Ah ! combien ces beaux yeux tout pleins de vives flammes,
- Sauront bien exprimer un tendre sentiment !
BERGERAC.
- Trop heureux qui pourrait, ailleurs que dans vos drames,
- Voir parler pour lui seul leur langage charmant.
LE COMTE et BERGERAC, entre eux.
- Nous sommes, dans le fond, fidèles à nos femmes,
- Si nous aimons ailleurs, ce n’est qu’en attendant.