Page:Meillet - Esquisse d'une grammaire comparée de l'arménien classique (1936).djvu/135

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mation serait analogue à celle de v. sl. da֊jõ « je donne ». — Au contraire l’indicatif aoriste a -u- –ու– issu de i.-e. dans etu ետու « j’ai donné » ; la 3me personne et ետ « il a donné » répond à skr. ádāt ; toutes les autres personnes ont l’augment sauf la 1ère pluriel tuakh տուաք qui n’est pas monosyllabique. La 1ère personne etu ետու « j’ai donné » ne répond pas à skr. ádām, car on aurait *et, mais représente *etuy, avec la désinence -y de la 1ère personne de l’aoriste arménien régulièrement tombée après -u (v. § 26) ; etur ետոր « tu as donné », cf. skr. ádāh, a conservé son -u- –ու–, exactement comme lk‘er լքեր « tu as laissé » a conservé son e (v. § 94), et comme edir եդիր « tu as posé », cf. skr. ádāh, a conservé son -i- –ի– issu de i.-e. . — Le subjonctif aoriste taç տաց « que je donne, je donnerai », taçes տացես « que tu donnes », etc., a aussi a ա issu de i.-e. *ə: c’est le seul subjonctif arménien qui n’ait pas le i de içem իցեմ ; il représenterait directement un thème *də-ske- formé comme le thème *(i)s-(s)ke-, d’où pourrait sortir içem իցեմ « que je sois ». (Voir § 90.) Mais içem իցեմ « que je sois » peut représenter un ancien optatif en -ī- avec élargissement *-ske- : *es-i-ske-m *eiskem *eyskem içem (Mariès, R. E. Arm., t. X, 1930, p. 178) ;

lsem լսեմ « j’entends » a un aoriste luay լուայ « j’ai entendu » ; le présent lsem լսեմ repose sur un élargissement par *-k-, connu en grec (cf. B. S. Լ. XXVI, p. 3 sq.) et l’aoriste luay լուայ sur un élargissement par *-s- (cf. skr. çruṣ-ṭiḥ, « obéissance », v. sl. slyš-ati « entendre ») de la racine attestée par skr. çrutâh « entendu », gr. ϰλύω (kluô), etc. — L’impératif est lur լուր « entends ».

harkanem հարկանեմ « je frappe », aor. hari hարի « j’ai frappé » ; l’aoriste est à rapprocher de lette peru, pērt « frapper » (de verges) ; le présent harkanem հարկանեմ a un élargissement -g-, et repose sur *pṛg- ; ce -g- se retrouve dans le nom sanskrit du dieu du tonnerre : Parj-ányah le dieu slave correspondant Per-unǔ doit son nom à la même racine sans élargissement et le lit. Perkúnas a un élargissement k comme aussi le v. isl. Fiõrgyn.

čanač̣em ճանաչեմ « je connais » ; aor. caneay ծանեայ, v. § 9.

tanim տանիմ « je conduis », aor. taray տարայ.