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Page:Meillet - Esquisse d'une grammaire comparée de l'arménien classique (1936).djvu/134

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ցեայ « j’ai transgressé », on ne peut citer en arménien que peu de verbes vraiment irréguliers.

101.a) Verbes dont le présent et l’aoriste appartiennent à la même racine :

ełanim եղանիմ « je deviens » a un thème d’aoriste ełe- եղե–, unique en son genre, mais qui se fléchit avec les caractéristiques ordinaires : ełē եղէ « je suis devenu » (de *ełey), ełer եղեր, ełew եղեւ, etc., subjonctif ełēç եղէց (de *ełe-yç), ełiçis եղիցիսy etc. ;

linim լինիմ « je suis, je deviens » n’a pas d’aoriste à l’indicatif, mais le thème d’aoriste a ses autres formes : un impératif ler լեր « sois », un subjonctif liçis լիցիս « que tu sois », etc. (sans première personne du singulier) ; et il y a aussi un participe leal լեալ ;

gom գոմ « je suis » est défectif et n’existe qu’à une partie des formes du présent signalées ci-dessus §§ 87 et 95 ; ceci s’explique par le fait qu’il représente un parfait indo-européen, v. § 81 bis ;

aṙnem առնեմ « je fais » a pour aoriste arari արարի « j’ai fait », impératif ara արա « fais » (sans consonne finale, cf. § 89), subjonctif arariç արարից, 2me pers. arasçes արասցես (avec s u analogique), participe arareal արարեալ ; cet aoriste est une forme à redoublement et répond à gr. ἀραρεῖν (ararein) « arranger » ; le changement de sens ne fait aucune difficulté ; la forme à nasale du présent rappelle av. ərənāvi « a été fait » ;

dnem դնեմ « je pose » est à skr. dádhāmi « je pose », gr. τίθημι (tithêmi) ce que v. sl. stanõ « je me mettrai debout » est à skr. tiṣṭhāmi « je me tiens », gr. ἵστημι (histêmi), lat., sistō. L’ancien aoriste radical est conservé : ed եդ « il a posé » répond à skr. ádhāt ; et, comme les autres formes seraient monosyllabiques, elles ont l’augment : edi եղի « j’ai posé », etc. ; l’impératif dir դիր « pose » est resté monosyllabique ; mais la 1ère personne du subjonctif ediç եդից « que je pose, je poserai » et le participe edeal եղեալ ont reçu aussi l’augment, tandis que la 2me personne du subjonctif diçes դիցես et les autres ne l’ont naturellement pas ;

tam տամ « je donne » est sans doute le seul verbe arménien dont la conjugaison ait gardé des alternances vocaliques indo-européennes (type lat. dōnum : dătus, gr. δίδωμι : δίδομεν (didômi : didomen)) ; le -a- –ա– du présent tam տամ ne peut représenter que i.-e. , et, par suite, tam տամ doit reposer sur *də-ye-, c’est-à-dire que la for-