Page:Meillet - Esquisse d'une grammaire comparée de l'arménien classique (1936).djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139

immédiatement après le premier mot tonique de la phrase a laissé sa trace en ceci que les particules s u, d դ, n ն (v. § 56) occupent cette même place quand elles portent sur l’ensemble d’une proposition, ainsi : Luc I, 35 որ ծնանելոցճ է ի քէն τὸ γεννώμενον ἐϰ σοῦ (to gennômenon ek sou) Luc IX, 32 Պետրու եւ որ ընդ նմայճ եին ὁ δὲ Πέτρος ϰαὶ σὺν αὐτῷ (ho de Petros kai sun autô) (la préposition ընդ n’est pas accentuée et forme un groupe avec le mot suivant.) ; Jean XVIII, 2 գիտէր եւ Ցուդա որ ղնայն մատնելոց եր ᾔδει δὲ ϰαὶ Ἰούδας ὁ παραδιδοὺς αὐτόν (êdei de kai Ioudas ho paradidous auton).

C. PROPOSITIONS SUBORDONNÉES.

107. — Le pronom et adjectif or որ « qui », génit. oroy որոյ, qui introduit les propositions relatives est apparenté à l’interrogatif ov ով « qui », cf. got. hwarjis (et lit. kur̃s), v. Pedersen, K. Z. XXXVIII, 237 ; en effet, d’une part, le pluriel oyk‘ ոյք de ov ով est employé avec valeur relative et, de l’autre, c’est or որ qui sert d’adjectif interrogatif : ո՞ր այր « quel homme ? », ov ով étant purement pronom. D’ailleurs zi զի, c’est-à-dire la préposition z զ avec l’interrogatif i- ի– « quoi » est employé avec la valeur de « relativement à ceci que, comme » et simplement « que ». Ce passage de l’interrogatif au sens relatif, aisé à expliquer par des phrases comme « je sais qui est venu », s’est produit dans une grande partie du domaine indo-européen, par exemple en latin, en germanique, en baltique ; en slave, on le voit se produire à date historique. Sur les emplois de zi, v. Jensen, Donum natal. Schrijnen, 1929, p. 385 sq. — Aux propositions relatives se rattachent toutes les propositions introduites par l’une quelconque des formes de l’interrogatif employées avec valeur relative, c’est-à-dire toutes les propositions introduites par or որ et ses composés, zi զի, ur ուր « où » (cf. lit. kur̃ « où »), erb երբ « quand » (cf. pour la formation gr. ὄ-φρα (o-phra) ?), etc.

108. — Quant à la conjonction t‘e թե, et‘e եթե « que », elle a été rapprochée ci-dessus, § 10, de lit.  ; elle signifiait « ainsi, de cette manière » ; donc et‘e եթե ne serait pas la forme ancienne, mais comprendrait une particule e ե, suivie de t‘e թե. Quoiqu’il en soit, cette conjonction n’a pas le caractère relatif ; c’est un petit mot qui annonce une proposition énoncée sous forme directe et non sous forme indirecte, ainsi dans cet exemple de l’écrivain Eznik : հարցանէր՝ եթէ ո՞վ ես դու « il questionnait ainsi : qui es-tu ? »,