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précisions nécessaires.

tendance spécifique de l’italo-celtique. Les assimilations de ce genre relèvent de tendances générales à l’assimilation dans deux syllabes consécutives (type de *sešuras devenant šešuras en lituanien). Mais ce qu’il faudrait savoir, c’est quelle est la puissance de cette tendance ; or, on l’ignore. On a peu d’occasions d’observer la consécution p… kʷ… — Il est certain qu’il y avait, en indo-européen occidental, parenté entre et p et que partout, régulièrement en grec (avec des limitations définies), en osco-ombrien et en celtique, sporadiquement en germanique, est passé à p. Le passage de *p… kʷ… à *kʷ… kʷ… en italo-celtique est l’un des faits qui expriment cette parenté. Mais l’assimilation ne s’est pas produite en grec ; l’italique et le celtique ont donc ici une innovation qui les oppose au grec. En germanique, il y a eu une assimilation, mais en sens inverse, et au lieu de *kʷ… kʷ… il y a eu *p… p… représenté par f-f dans un exemple isolé, soit fimf en gotique. On voit par là que la tendance à l’assimilation était naturelle, mais que la forme de l’assimilation comportait deux possibilités. Ce qui caractérise l’italo-celtique, c’est, d’une part, le sens dans lequel s’est produite l’assimilation, de l’autre, la constance du phénomène. La concordance est probante, mais moins qu’il ne semble au premier abord.


Par bonheur, le comparatiste a souvent le moyen de trouver des démonstrations relativement objectives.

Le type le plus caractéristique du problème qui se pose au comparatiste historien est l’établissement d’une étymologie par voie de comparaison. Pour donner la preuve d’un rapprochement, il faut montrer que certaines concordances observées ne peuvent être fortuites. Le fait