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« parole » en face de żadù « je parle », ou de lette nesis « joug » en face de nest « porter » pour la valeur de la formation, on compare naturellement lit. gaidỹs « coq » (littéralement « chanteur »), etc., v. Leskien, Bildung der Nomina, 295 et suiv.

v. pruss. clokis Voc. ; le c initial n’est pas une faute, car l’article immédiatement suivant du Vocabulaire est czidelber « caltestisklokis », avec cette même gutturale. L’o du Vocabulaire répond à lit. o (ancien o ou ā). Le mot est donc à rapprocher du type lit. krõkti « grogner », klègéti « rire bruyamment », etc., et signifie « grogneur » ; c’est un des mots de la grande famille des termes à kr- ou kl- initial, désignant des bruits divers. Avec lit. lokỹs et v. pruss. clokis, on a donc les correspondants sémantiques approximatifs de sl. medvědĭ et mečĭka.

v. h. a. bero, ags. bera ont été depuis longtemps rapprochés de lit. bė́ras « brun », etc. car on sait que, dans le roman de Renart, l’ours porte en français le nom de Brun, en allemand celui de Braun, en anglais celui de Bruin ; en norrois, le mot ne paraît être représenté que par v. isl. berserkr, nom d’une sorte de vêtement de guerrier (litt. « vêtement d’ours ») ; le nom norrois de l’ours est v. isl. bjǫrn. suéd. björn, qui est d’une formation différente quant à ags. beorn, voir Uhlenbeck, P. B. S. B., XXIX, 332 ; Falk et Torp, Etymolog. ordbok, p. 58.

Ces dénominations rappellent celles qu’on rencontre chez des populations du Nord de l’Europe, telles que les