Page:Meillet - Quelques hypothèses sur des interdictions de vocabulaire dans les langues indo-européennes, 1906.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 19 —

dont on s’est servi chez Schrader, Reallexikon, sous Rechts und Links.

Si les noms de maladies et d’infirmités, même des plus fréquentes et des plus connues, comme la boiterie, la cécité, la surdité, diffèrent d’une langue à l’autre et ne sont réductibles que rarement à des formes indo-européennes, c’est évidemment qu’on évitait ces noms.

D’une manière générale, l’absence d’un nom indo-européen commun dans des conditions où a priori on s’attendrait à en trouver un appelle toujours une explication, et ce n’est pas forcer l’importance du principe des interdictions linguistiques que d’attribuer à des sortes de tabous l’inexistence d’un terme indo-européen pour une notion qui en devrait normalement avoir un. Mais, comme ces interdictions ne sont pas directement attestées, on doit aussi se garder d’exagérer le rôle de pareilles explications et même de rien affirmer à cet égard d’une manière absolue.