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Page:Meister - Betzi.djvu/227

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moins attaché peut-être que ma jeunesse et mes folies, je ne les dois qu’à ses instructions et aux maîtres qu’il m’a donnés ; mais quoique assez jeune encore, son caractère paraît aigri par les injustices et par les perfidies dont il fut la victime. Son humeur est plus amère et plus sombre qu’elle n’est triste et mélancolique : il est défiant, soupçonneux, jaloux et la bonté naturelle de son ame ne l’empêche pas toujours de se livrer aux derniers emportemens de la haine et de la violence. Voilà, mon ami, l’homme à qui mon cœur n’a pu s’empêcher de vous préférer, et voila l’homme à qui vous me voyez forcée de vous sacrifier dans ce moment. S’il n’était que votre rival, il m’en coûterait peu de l’éloigner. En respectant encore en lui le plus généreux des bienfaiteurs, si sa fortune n’avait point changé, je