Page:Meister - Betzi.djvu/290

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qui finit par me rendre odieux jusqu’au souvenir des plus douces distractions de ma vie passée. Je trouvai bientôt dans le fond de mon âme un instinct supérieur à tous ceux qui m’avaient guidée jusqu’alors, un instinct qui m’avertissait chaque jour plus impérieusement que je devais appartenir à un ordre de choses tout-à-fait différent de celui dans lequel j’avais vécu, dans lequel je me voyais encore forcée de vivre. La délicatesse de l’ame de Séligni semblait avoir passé toute entière dans la mienne, peut-être même avec des scrupules qu’il n’avait plus, avec des préjugés que mon intérêt, ou plutôt celui de sa passion, avait trop bien su combattre ; en un mot, je me sentis élevée au-dessus de moi-même, et par-là même humiliée de ce que j’étais encore à mes propres yeux, quoique j’eusse déjà cessé, je