Les nobles fiertés ? On a tellement perdu l’habitude de les voir, de les admirer, de les sentir, que les mots rendent le son d’un vieil air démodé, et pourtant si on les exclut du monde, quelle platitude dans les vies ! L’orgueil et la vanité qui remplissent tant de cœurs empêchent la fierté de s’y soutenir. C’est d’elle pourtant que découle la dignité morale, gardienne merveilleuse des âmes. L’homme qui manque de dignité ne mérite pas le nom d’homme.
Il faut savoir vivre avec son temps, répondra-t-on. Justement la fierté empêche ces petits mouvements de susceptibilité qui causent tant de malentendus, de rancunes, d’antagonismes. L’homme réellement fier est celui avec lequel les rapports quotidiens sont les plus faciles.
Pour éprouver cette consolante sensation de fierté, après un devoir accompli, il faut posséder l’indépendance de l’esprit, et l’une naît de l’autre et réciproquement. On ne saurait imaginer un cœur fier sans liberté morale. La fierté implique toujours le désintéressement