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Page:Melegari - Le Livre de l'espérance, 1916.djvu/17

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passe aux frontières ou à l’orient de l’Europe, ni partout où les hommes s’égorgent entre eux, souffrent et meurent, mais l’intelligence de ceux qui ne sont pas emportés dans le tumulte de l’action réclame un aliment. Elle voudrait sentir que malgré l’état catastrophique actuel, les idées remuent encore dans les cerveaux, prêtes à vivifier le monde dès qu’il pourra échapper à la hantise des faits sanglants.

Il y a des instincts irréductibles. Si sombre que soit la nuit, l’homme pense déjà au jour prochain ; si grande que soit sa détresse, il rêve de joies compensatrices, et, malgré le froid et le gel, il aspire au soleil qui réchauffe, il cherche du regard, à travers les ténèbres encore profondes, les montagnes dont bientôt l’aurore dorera les cimes neigeuses.


DORA MELEGARI


Rome, Janvier-Décembre 1915.