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Page:Melegari - Le Livre de l'espérance, 1916.djvu/220

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fortune sera soupçonné d’avoir manqué, en tous cas, d’héroïsme et de patriotisme.

« Le jour viendra où, pour être estimé, il faudra avoir les coudes de son paletot percés, » me disait, il y a quelques années — lors d’un scandale financier dans lequel plusieurs personnages importants furent compromis — un homme qui avait eu en main tous les documents des procès. La boutade me fit sourire, mais je me demande si elle n’est pas à la veille de se traduire en réalité. Demain nous réserve bien des surprises, et la richesse, peut-être, ne servira plus à assurer la considération.

Ce ne serait, du reste, que la conséquence logique de la transformation survenue dans les esprits. Pour les âmes éprises d’héroïsme, la fortune paraîtra plus ou moins nécessaire ou désirable ; elle cessera fatalement d’être un but. Comme je le disais dans un précédent chapitre, il faudra revenir à la vie simple ; elle seule peut donner cette indépendance morale qui permet de cultiver les goûts nobles. Les circonstances