Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/111

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de le croire : mais qui me répondra que votre passion durera toûjours, songez-vous en quels lieux vous me trouvez ? Songez-vous que c’est ici que l’on punit le désordre ? Soutiendrez-vous cette idée sans sentir diminuer votre ardeur ? Elle se tut, & attendit la réponse de son Amant, qui lui reprocha tendrement l’injustice de ses doutes, & lui dit que c’étoit offenser la délicatesse de ses sentimens, que de croire qu’une pareille idée pût jamais altérer sa passion. Moi, continua-t-il, j’oublierois que, si vous m’eussiez moins aimé, vous seriez heureuse ! j’oublierois que c’est pour l’amour de moi que vous êtes ici ! Ah ! s’il se pouvoit ajoûter quelque chose à ma passion, ce souvenir seul la rendroit plus violente ; mais non… vous m’aimez foiblement, puisque vous me croyez capable de cesser jamais