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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/122

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il me regarda tristement, & me dit d’une voix que la douleur avoit éteinte : Voilà le coup le plus cruel de tous ceux dont l’amour m’a frappé. C’en est fait : Non je ne dois plus penser au bonheur de la revoir ; ma chère de Bonneval est perdue pour moi : l’ennemi de mon bonheur me l’enlève. Je tâchois de consoler ce malheureux Amant ; la douleur que je ressentois moi-même, me fournit des expressions qui tranquillisèrent un peu la sienne ; je vins même à bout de l’engager à venir faire un tour de promenade, & à me conter les particularitez de l’amour de Madame de Valpré. A-t-il été, lui dis-je, assez fort pour justifier son opiniâtreté à vouloir votre malheur ? Vous en allez juger, me répondit-il ; trop heureux, si en parlant de ma passion, je pouvois charmer la dou-