Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/13

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que toujours marquez par les inquiétudes & le désespoir. Pardonnez ces réflexions à un Amant qui n’a connu de l’amour que ses désagrémens & ses malheurs.

Je le comparerois volontiers, ce petit Dieu malin, à ces folets qui pendant la nuit présentent aux yeux des voyageurs égarez, un chemin agréable, qui les jette dans un abîme, & de rire (dit-on) quand ils y voyent tomber ces malheureuses victimes de leur malignité. Voilà l’Amour ! Il nous conduit par un chemin semé de fleurs jusqu’au bord du précipice, nous y pousse, & rit des larmes que le cruel fait couler. Il daigne pourtant les essuyer quelquefois. S’il en étoit besoin, vous pourriez lui rendre ce témoignage, vous, pour qui il n’eut jamais de caprice. Heureux mortel ! Vous ne formez des