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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/144

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tre les témoins de l’ouvrage de ma liberté ; c’étoit dans l’ombre de ces solitudes que je sentois toute la foiblesse de mon cœur. Je l’aime encore, me disois-je ! & jamais je ne l’aimai davantage. Ah ! si je n’étois pas un objet haïssable à ses yeux, si dans un lieu comme celui-ci, où nous n’aurions d’autres témoins que ces arbres & mon amour, elle consentoit d’écouter les protestations de ma tendresse, quel bonheur égaleroit le mien ! Abusé par cette chimère, je passois quelquefois des momens aussi agréables que si ma félicité eût été réelle ; mais le charme se dissipoit, mes yeux s’ouvroient sur mon infortune, que ces momens d’illusion me rendoient encore plus sensible. C’en est trop, cruelle Bonneval, image trop chère, vous me suivez par-tout, vous triomphez de toutes mes