Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/146

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tié de mon sang seroit un prix trop foible pour payer un pareil bonheur ; peut-être, continua Barneuil, abusai-je de votre complaisance en m’appesantissant sur un sujet qui ne vous intéressera qu’autant que votre amitié vous y rendra sensible ; mais on aime à se retracer ses malheurs, on en chérit le souvenir, le frémissement qu’il excite en nous, devient un sentiment précieux à notre âme.

Je ne laissai pas, poursuivit-il, à la réflexion le tems de me détromper ; je partis, & guidé par cette lueur d’espérance, j’arrivai chez Madame de Valpré. Il falloit être bien téméraire pour l’aborder sans rougir. Elle étoit seule : cette solitude me surprit ; j’essuyai un déluge de reproches obligeans sur le peu de soin que j’avois de cultiver les personnes qui avoient le plus d’inclina-