Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/156

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Bonneval me haïssoit, & je trouvois dans la tante une Amante moins aimable à la vérité, mais qui l’emportoit du côté de la sensibilité, dont l’amour avoit précédé l’aveu du mien ; (car elle ne me déguisa point que c’étoit elle-même qui m’avoit donné le rendez-vous des Thuilleries, & que la crainte seule d’une indiscrétion de ma part, l’avoit empêchée de me l’avouer) ; & qui, maîtresse de son sort, pourroit m’en faire un agréable, si j’étois assez raisonnable pour me prêter à mon bonheur. C’est ainsi que je raisonnois pour écarter l’idée de Mademoisellz de Bonneval, qui venoit quelquefois troubler cruellement mes nouvelles amours. Je jettois en soupirant les yeux sur ce que je perdois : oui, disois-je, elle auroit fait ma félicité, mais Madame de Valpré la fait aussi. Je me roidissois con-