Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/160

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Je sortis sur le champ, & la laissai accablée de mon offensante sincerité : quelques larmes que je vis couler de ses yeux, me pénétrèrent de douleur, sans m’attendrir. Je ne me reconnoissois pas ; je cherchois ces ardeurs que je sentois pour elle un moment auparavant. Elles étoient disparues ; je la quittai pour ne la revoir de ma vie. Le chagrin de l’avoir trompée, & la douleur d’avoir perdu pour toûjours Mademoiselle de Bonneval, me jettèrent dans une noire mélancolie, qui me dégoûta de mes occupations ordinaires, & me rendit insensible aux plaisirs que je cherchois, pour me distraire dans la compagnie de mes meilleurs amis. La tristesse venoit m’y attaquer, je me pesois à moi-même : Que suit-il de ce dégoût pour ce qui nous faisoit le plus de plaisir ? Un détachement