Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/172

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me rappellez-vous ? Je sçai que je suis coupable, que j’ai mérité les rigueurs dont vous m’accablez, mon crime a rendu légitime tout ce que le ressentiment vous a fait faire contre moi. Mais, Madame, vous sçavez qu’on n’aime pas par choix, les caprices du cœur sont les tyrans de la raison : Je devrois rougir de faire encore éclater à vos yeux un amour qui vous offense ; mais si j’avois assez de pouvoir pour le modérer, j’en aurois eu assez pour résister à ce qui le cause.

Éclatez, Madame, en reproches ; mon cœur est un ingrat qui le mérite. Non, Barneuil, reprit-elle avec bonté, je ne vous en ferai pas ; on n’est aveugle qu’autant qu’on le veut bien être, les foiblesses de l’amour ne ont pas à l’épreuve de la réflexion, on sçait les vaincre quand on veut les combattre ; ce que