Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/25

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me ! C’étoit Mademoiselle de Bonneval. Les pâleurs de la mort avoient pris la place des roses que j’avois vu briller sur son visage ; ses beaux yeux étoient fermez, & cependant elle étoit encore adorable. Je m’empressai en tremblant de la secourir ; je la soutenois d’une main, & de l’autre je lui faisois respirer de l’eau de la Reine d’Hongrie : mon cœur étoit glacé par la crainte ; je l’avois délacée pour lui donner plus d’air : la défaillance ne lui avoit rien fait perdre de ses charmes ; mes yeux les parcouroient avec avidité, & suffisoient à peine à la vivacité de mes sentimens. Elle revint enfin : je lui vis avec transport ouvrir ces beaux yeux ; elle les porta languissamment sur moi, mais sans parler ; elle s’apperçut du désordre où sa foiblesse l’avoit jettée, & me repoussa, dou-