Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/54

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J’étois encore plongée dans ces pensées, quand ma Tante me fit avertir de me tenir prête pour aller rendre une visite : nous montâmes en carosse, & nous fûmes descendre au Couvent de… Je sentis toute mon infortune à cette vûë fatale : c’est ici, me dit ma Tante avec un soûris moqueur, c’est ici que vous travaillerez efficacement à déraciner de votre cœur la passion que vous avez pour Barneuil ; je n’opposai qu’un silence profond à un procédé aussi injuste : elle me dit en me quittant, vous n’y serez pas long-tems si vous voulez avoir de la raison ; mais si vous vous obstinez à n’écouter qu’un penchant ridicule, n’attribuez qu’à vous-même le séjour que vous y ferez. Au surplus, soyez persuadée que l’idée de votre bien est le seul motif qui me détermine.