Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/59

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inconstance des sentimens que je me repentois d’avoir donnez à son amour, je rougis de ma passion, je voulus l’oublier ; je crus en être venu à bout, mais mon triomphe ne consistoit qu’à me dissimuler ma foiblesse ; je l’éprouvai bientôt.

Dans un de ces mouvemens de dépit, fortifiez encore par les conseils de Madame de Boran ; je reçus la première visite de Madame de Valpré, je l’entretins avec tant de liberté d’esprit, qu’elle ne douta pas que cette liberté n’eût sa source dans mon cœur ; elle fit adroitement tomber le discours sur le chapitre de Barneuil : je ne démentis pas ce que je m’étois promis à moi-même. Je ne doute pas, me dit-elle, que vous ne soyez parfaitement revenue sur son compte ; vous avez pris des sentimens plus raisonnables ; votre cœur est