Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

me demanda mon adresse, je la lui dis, & nous nous quittâmes.

Je ne sçavois que penser de cette indifférence ; je retournois chez Madame Sellier assez embarrassé sur la manière dont je devois faire le récit de mon embassade. Parler de la froideur avec laquelle Barneuil m’avoit quitté, c’était mettre le poignard dans le sein de sa Maîtresse : le peindre tendre, amoureux, passe encore ; mais fidèle, c’étoit trop promettre ; je ne devois pas m’en inquiéter, je devois avoir une scène bien différente.

Je trouvai tout le voisinage en rumeur, & des éclats de rire que j’entendois faire de tous côtez, me portèrent à en demander la cause : j’appris que le Commissaire venoit d’enlever une jeune fille chez Madame Sellier ; chez Madame Sellier, dis-je, en moi--