Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soupirs & de cette mélancolie dont vous m’avez fait si souvent la guerre infructueusement. Puisque vous avez gagné sur moi que je vous mette par écrit le détail de ces avantures que vous me demandez, je ne puis le faire sans vous conter en même tems les miennes ; elles font inséparables. Vous m’allez voir érigé en héros de nos Romans modernes : je croi déjà vous entendre rire du personnage que je vais jouer. Est-il possible, direz-vous ? Quoi, ce Philosophe auroit aussi senti la puissance de l’Amour ? Oui, Monsieur, très-possible ; eh, qui n’a pas éprouvé le pouvoir de ce petit Dieu ! Il nous attend souvent où nous l’attendons le moins.

Un des jours de l’été dernier, je me trouvai dans le jardin du Palais Royal ; j’étois seul, & je vous avoue que je ne fus pas long--