Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/88

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heureux, on vint m’avertir qu’on souhaitoit de me parler ; je fais entrer, & je vois un inconnu qui vient se jetter dans mes bras : je fus surpris de l’abord ; je me reculai pour me dérober à ses empressemens. Vous voyez, me dit-il en me tendant la main, un homme pénétré de vos bontez, & qui vient vous conjurer de vouloir les continuer. Je ne sçavois à qui s’addressoit ce discours ; j’examinois cet homme avec toute l’attention possible : ma mémoire travailloit envain à s’en retracer l’idée. Eh quoi, reprit-il, vous ne reconnoissez pas Barneuil ! Je suis ce malheureux Amant, qui vient, sur la foi de votre parole, chercher la fin de ses peines ? Verrai-je ma chère Bonneval ? Pourrai-je jurer à ses pieds que je l’adore ? Que ne vous devrai-je pas pour ce bonheur ; tout mon sang ne pour-