Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/98

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de cette jeune Demoiselle avec des couleurs si noires, qu’il avoit cru qu’il étoit de son devoir de prévenir les suites d’un penchant si violent pour le libertinage. Comment, Monsieur, interrompit vivement Barneuil à ce mot, il a eu le front de la traiter de libertine ? L’imposteur ! elle est la plus vertueuse, la plus aimable de toutes les filles ; chère Bonneval, quel sacrifice ! Comment payer un amour qui t’expose à de pareilles indignitez ? Monsieur, continua-t-il, en me tendant la main, oubliez le passé, je vous ai cru mon rival, vous connoissez mon amour, & cet amour seul doit excuser ma foiblesse ; le repentir le plus vif a pris dans mon cœur la place de la fureur : soyez désormais mon ami, joignons nos efforts pour arracher ma chère maîtresse des mains indignes qui l’oppriment.