Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sauta au cou, nous prit par le bras et, remués, bousculés, emportés dans un tourbillon de gestes et de paroles, nous étions déjà dans la voiture qui devait nous conduire à l’habitation du maître.

Pendant bien des années j’ai dû perdre, à cause de l’odieuse brochure, le souvenir des quelques semaines passées presque tout entières dans l’hospitalière maison ; mais j’ai dit pourquoi il me semble que j’ai le droit de m’en souvenir maintenant.

Le matin, après un repas rapide, nous quittions notre hôtel où l’on nous considérait fort à cause de nos visites chez Richard Wagner. Je me rappelle même à cette occasion un quiproquo assez plaisant. Chaque fois que nous descendions l’escalier, avec une jeune femme que nous avions l’honneur d’accompagner dans ce voyage, les domestiques accouraient, faisaient la haie, s’inclinaient jusqu’à terre devant nous. Le patron lui-même, avec l’air du plus profond respect, nous faisait escorte jusqu’à notre voiture, et une fois il voulut à toute force nous baiser les mains. Qui diantre pouvait nous valoir de tels hommages ? Remarquez que nous