Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/141

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Toute concurrence serait impossible devant le système du grand vulgarisateur. Qu’on se figure, en effet, quelques-uns de nos grands centres de commerce aux populations houleuses, Lyon, Bordeaux, etc., à l’heure où tombe le soir. On voit d’ici ce mouvement, cette vie, cette animation extraordinaire que les intérêts financiers sont seuls capables de donner, aujourd’hui, à des villes sérieuses. Tout à coup, de puissants jets de magnésium ou de lumière électrique, grossis cent mille fois, partent du sommet de quelque colline fleurie, enchantement des jeunes ménages, — d’une colline analogue, par exemple, à notre cher Montmartre ; — ces jets lumineux, maintenus par d’immenses réflecteurs versicolores, envoient, brusquement, au fond du ciel, entre Sirius et Aldébaran, l’Œil du Taureau, sinon même au milieu des Hyades, l’image gracieuse de ce jeune adolescent qui tient une écharpe sur laquelle nous lisons tous les jours, avec un nouveau plaisir, ces belles paroles : on restitue l’or de toute emplette qui a cessé de ravir ! Peut-on bien s’imaginer les expressions différentes que prennent, alors, toutes ces têtes de la foule, ces illuminations, ces bravos, cette allégresse ? — Après le premier mouvement de surprise, bien pardonnable, les anciens ennemis s’embrassent, les ressentiments domestiques les plus amers sont oubliés : on s’asseoit sous la treille pour mieux goûter ce spectacle à la fois magnifique et instructif, — et le nom de M. Grave, emporté sur l’aile des vents, s’envole vers l’Immortalité.

Il suffit de réfléchir, un tant soit peu, pour concevoir les