Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/179

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Les vierges, la bacchante aux lèvres de carmin.
Au col enguirlandé de pampres, et, dans l’ombre,
Les filles de Lesbos qui se tiennent la main,

Les gais adolescents, les vieux à l’âme sombre.
Ceux qui vont à la nuit, ceux qui viennent au jour,
À travers tous les temps, dans tous les lieux, sans nombre,

Qu’ils aient, à l’heure pâle où s’éveille l’amour,
Vu l’aube redorer les montagnes d’Asie
Ou faire étinceler les glaciers du Këar-Mour ;

Qu’ils aient brûlé leur âme aux genoux d’Aspasie,
Ou nourri de leurs cœurs les filles de Paris,
Ces succubes divins que rien ne rassasie.

En ce temps où le musc et la poudre de riz
Attachent aux jupons soyeux des amoureuses
Le troupeau suppliant des jeunes gens épris ;

Tous, la poitrine sèche et les lèvres fiévreuses,
Par les mille sentiers que l’homme se fraya
Sur les sommets brûlants, dans les plaines poudreuses,