Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/184

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l’escalier des froufrous de soie qui montent vite avec des clic-clac de bottines aimées et souvent aussi, derrière les portes closes, des éclats de rire interrompus par des silences plus doux.

D’ailleurs, tant qu’on logeait au premier étage, tout allait bien encore. C’est là qu’étaient les chambres luxueuses, avec des fauteuils d’acajou, et des pendules en zinc doré, et des rideaux en lampas de laine rouge, absolument dérougis ! Il y avait même dans ces chambres des sonnettes qui consentaient quelquefois à sonner et à l’appel desquelles ne dédaignait pas toujours de répondre l’unique garçon de l’hôtel. Mais le malheur, c’était que les locataires — j’entends les locataires poètes — ne séjournaient pas longtemps dans les chambres du premier ! Après cinq ou six quinzaines échues, quand le propriétaire du lieu reconnaissait que l’un des Parnassiens paraissait absolument décidé à ne pas payer un sou de loyer, — hélas ! cela n’était pas de notre faute ! il prenait une grande résolution, le brave homme. Il entrait dans la chambre du lyrique insolvable, et, d’un air à la fois contrit et ferme, il déclarait qu’il avait besoin de l’appartement, — il appelait cela des appartements !