Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de loque qui, depuis quelque temps déjà, m’interdisait les promenades. Vraiment il y avait du spleen dans l’air.

Ma porte s’ouvrit sans qu’on eût frappé, et je vis entrer un poète hongrois appelé Emmanuel Glaser, que j’avais rencontré cinq ou six mois auparavant, pendant un voyage dans le duché de Bade, sur les bords du Neckar, par une nuit d’été. Vagabond, il suivait la rive du fleuve en chantant des chansons de son pays d’où il était venu à pied — une sorte de Glatigny madgyare, — et nous nous étions liés tout de suite. Les pauvres diables ont de ces sympathies ; il me disait des vers de Petoefi Sandor, je lui récitais des odes de Banville ! Plus tard, à Paris, où j’ai eu l’honneur de traduire son premier livre de vers, nous nous étions retrouvés et il était maintenant l’un des visiteurs familiers de l’hôtel du Dragon-Bleu.

Donc, Emmanuel Glaser entra sans frapper, et j’avoue que, pour la première fois, sa visite ne m’inspira qu’un contentement médiocre.

J’étais dans une de ces heures maussades où l’on voudrait être seul.

Mais, derrière le poète hongrois, parut un