Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/271

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leurs chevaux roux dans le sang des bêtes égorgées et les Conquistadors partir dans la gloire du couchant pour de fauves Amériques, il verse prodigieusement les chromes, les vermillons, les ocres rouges, et en vérité pas un, non ! pas un, n’excelle autant que lui à faire jaillir de la sonorité des mots des fanfares lumineuses. Des mots ? sont-ce bien des mots, en eflfet, qu’il emploie ? on dirait plutôt que dans la monture infrangible de son vers il sertit des rubis, des escarboucles, des béryls et des chiysoprases, et chacun de ses sonnets est comme une éblouissante et solide mosaïque de pierreries.


LES CONQUÉRANTS


Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines.
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde occidental.