Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/278

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nos vieilles chroniques et qui restituent dans sa réalité probable le passé des peuples. Mais quoi ! perdre toute illusion, voir s’écrouler une à une toutes les renommées légendaires, en arriver à croire que les hommes d’autrefois ne valaient pas mieux que les hommes d’aujourd’hui, cela est-il bien salutaire ? Nous avons tant besoin d’exemples, hélas ! On se demande quelquefois si la vérité qui décourage est préférable au mensonge qui réconforte.

Un fils va se battre pour défendre l’honneur de son père. Quelqu’un lui dit : « Ton père n’était pas un honnête homme », et fournit des preuves. « Vraiment ? » répond le fils, et il remet ses pistolets dans leur boîte.

On répondra : « Tuer la légende, c’est faire vivre l’histoire. Celle-ci, moins attrayante, a sa beauté d’autant plus saisissante qu’elle est incontestable. » Prenez garde ! les souvenirs sont étrangement liés. Roland, d’un seul coup de sa glorieuse Durandal, n’a pas tranché une roche des Pyrénées ? donc Lazare Hoche n’a pas forcé le premier les lignes de Wissembourg. Quiconque détruit une croyance ne se borne pas à détruire cette croyance, il porte atteinte à