Nous avons été, nous sommes les escarmouches
de la future victoire. Grâce à nous, qui avons
définitivement vaincu les élégiaques et les débraillés, ennemis du rythme et de la langue,
les pleurards imbéciles et les cyniques rieurs,
enfants dégénérés du grand Lamartine et de
l’admirable Musset, — grâce à nous, qui avons
proclamé et démontré la nécessité de ne pas
compter sur l’inspiration seule, de l’exalter par
le travail et de l’épurer par la soumission aux
règles sacrées, — grâce à nous, les poètes nouveaux pourront se développer sans entraves.
Nous avons préparé la besogne, ils l’achèveront,
et même les plus humbles d’entre nous, quand
la mort les obligera d’interrompre leur œuvre
si imparfaite, auront cette glorieuse consolation
de pouvoir penser que le poète de génie, dont
s’illustrera l’avenir, leur devra un peu de filiale
gratitude.
Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/315
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
FIN.