Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/42

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pris dans cette toile d’araignée en or, et le fils, du gendarme suivit les vagabonds que le père eût peut-être arrêtés ! Ce fut le commencement de son Roman Comique, Le côté grave de l’escapade, c’était qu’il fallait gagner sa vie. La soubrette, que nous appellerons Zerbine, par discrétion, eut heureusement une excellente idée. « Vous serez souffleur, » dit-elle à son amoureux, et elle lui expliqua ce que c’est que d’être souffleur. Il ne comprit pas bien, ce qui ne l’empêcha pas de répondre : « C’est convenu ! » À vrai dire, il rencontra d’abord quelques difficultés dans l’exercice de la profession acceptée. Ce n’était pas qu’il ne sût pas souffler, c’était qu’il ne savait pas lire. Huit jours plus tard il avait appris, en soufflant. Oui, c’est à force d’épeler les mornes phrases de M. Scribe ou de M. Anicet Bourgeois, qu’il retint ses lettres, cet enfant qui plus tard devait égaler en délicatesse et en préciosité les plus subtils ouvriers du style. Il est probable que l’apprentissage fut amer. Mais du fond de sa niche, il voyait flamboyer dans l’apothéose du gaz ou des quinquets les cheveux dorés de Zerbinette, et la comédienne le consolait des comédies. D’ail-