Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

douleur dans une lettre en vers, toute familière, qu’il écrivit à notre cher compagnon, Stéphane Mallarmé. Je vais vous lire cette lettre. Vous verrez comme la plainte s’y voile et s’y fait souriante, malgré la vision de la mort.


LETTRE À STÉPHANE MALLARMÉ


Votre lettre bien venue
Est arrivée au moment
Où, par derrière la nue,
Glissait un rayon charmant.

Oui, la pluie avait fait trêve,
Un chacun se promenait.
Et je voyais dans un rêve
Avril qui nous revenait.

Un soleil doux, efficace,
Faisait clair l’air embaumé,
J y réchauffais ma carcasse
De vieux héron déplumé.

Et ces deux aimables choses,
Le soleil et l’amitié.
Combinaient leurs teintes roses.
J’en pris le mal en pitié.