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LE ROI VIERGE

porcelaine, et des cheveux sur des coussins d’or, une femme sortit, levant un flambeau, toute grêle, mince, vive, dans un peignoir de soie fauve, qui s’entr’ouvre, et avançant une fine tête brune, effarée, sous les petites flammes noires de ses boucles mêlées.

— Madame de Soïnoff ! cria le chambellan.

Elle pouffa de rire.

— Ah ! dit-elle, le prince Flédro ? Que faites-vous ici ? D’où venez-vous ? Savez-vous bien que c’est de la dernière inconvenance, ce que vous faites-là ? et que je ne vous pardonnerais jamais, si ce n’était bien extraordinaire aussi ? Il m’est impossible d’en vouloir à l’imprévu ; je ne sais pas bouder ce qui m’étonne. Comment nous avez-vous découvertes ? Oh ! vous êtes beaucoup plus adroit que je ne croyais. Je vous félicite. Je ne voyais en vous qu’un diplomate vulgaire, selon la tradition ; non, vous êtes entreprenant, hardi, ingénieux, bizarre. Ce n’est pas mon mari, élève de M. de Talleyrand, qui m’aurait trouvée, cette nuit ! Mais pourquoi me cherchiez-vous ? Ah ! oui, à cause de Gloriane, qui avait disparu. On m’avait donc reconnue, au fond de la voiture, dans mon frac, sous mon chapeau ? Et vous avez