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GLORIANE

de la Traviata, dans la folie d’un souper réel, et les lèvres mouillées de vrai vin !

Elle le poussait dans l’escalier, tout en lui bavardant ces choses à l’oreille ; mais, tout à coup, dans un éclat de rire :

— C’est égal ! cria-t-elle, la Gloriani est une terrible femme, et la vertu de votre roi n’a qu’à bien se tenir.

Puis elle s’échappa, ouvrit et referma la porte dans une disparition de clarté.

Le prince, dans l’ombre brusque, s’était cramponné à la rampe. Il écouta. Il y eut encore de petits rires, mêlés, eût-on dit, de reproches à voix basse, caressants. Ce fut tout. Il descendit à tâtons et rejoignit Gloriane et Brascassou qui l’attendaient dans la voiture.

Ce matin-là, par le train de neuf heures quarante, le chambellan du roi Frédérick II partit avec la prima-donne et son coiffeur pour la ville de Nonnenbourg, qui fut ainsi nommée parce que Luitpold-le-Lion en posa les premières pierres sur l’emplacement d’un couvent de religieuses, et qui est actuellement la capitale du royaume de Thuringe.

FIN DU LIVRE PREMIER.