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LE ROI VIERGE

une tête ; pourquoi la nation capitale, au lieu d’être la Prusse, ne serait-elle pas la Thuringe ? Les Mittelsbach, je pense, valent bien les Hohenzollern ! et ce ne serait pas la première fois que notre famille convoiterait l’empire ; tout sanglant du meurtre de Henri de Franconie, Carloman Ier a failli s’asseoir sur le trône de Charlemagne. La Prusse, oui, a une armée redoutable ; mais si plus d’hommes sont avec elle, nous avons Dieu avec nous. Elle braque des canons, nous élevons la Croix. L’empire allemand, fait par la Prusse, serait luthérien, et maudit ; fait par la Thuringe, l’empire allemand sera béni, puisqu’il sera catholique. Ô jeune homme auquel il faut des rêves, en est-il un, parle, plus magnifique que celui-ci : recommencer l’histoire, relever le trône de Karl Ier en même temps que la chaire de Léon III, rendre les âmes à l’Église et les corps à l’empire, et, — pareil à ces géants couronnés qui, assis dans leurs fauteuils de marbre, rêvent au fond des légendes, le globe en main et les pieds dans la crinière d’un lion endormi — n’avoir en face de soi que le pape, au-dessus de soi que Dieu !

— Oui, ce serait beau, peut-être, dit le roi dont les yeux s’allumèrent à peine.