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LE ROI VIERGE

soleil, qui s’écartaient devant le passage de la troupe et se rejoignaient vite dans un frémissement de feuilles.

De temps en temps, Lisi, qui était au premier rang, tournait la tête vers ses compagnons ; d’un geste ou d’une parole, elle essayait de les consoler ou de leur faire reprendre courage ; elle avait un peu de l’air d’un général vaincu, qui, par sa noble attitude, veut relever le moral abattu de son état-major.

On arriva dans une clairière où de petits chevaux blancs, aux chabraques de velours, paissaient les herbes fleurissantes, mordillaient l’écorce des arbustes ; il y avait, au pied d’un très vieux chêne, un enfant masqué aussi, qui était couché sur les mousses, une joue sur un poing, avec l’apparence de songer profondément ou de dormir à demi.

Certainement celui-ci était le maître de tous les autres, car il portait un magnifique habit de satin couleur de feu, galonné de passementeries de perles ; des crosses de nacre, incrustées de pierreries, scintillaient à sa ceinture, et sur sa toque s’ébouriffait un remuement de plumes rouges et d’or, pareil à un bel oiseau qui se serait posé là.