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LE ROI VIERGE

Effarouché par une aussi nombreuse compagnie, Frédérick allait se retirer ; il trouverait bien dans une autre partie du village quelque logis moins bruyant ; déjà il tirait la porte lorsqu’il entendit son nom prononcé en même temps par plusieurs des personnes qui étaient là.

Oh ! il ne s’était pas trompé : on avait bien dit : « Frédérick de Thuringe. » Pourquoi donc s’occupait-on de lui ? Qu’en pensait-on ? La curiosité triompha de l’appréhension. Il se glissa dans la salle, s’assit devant une petite table à côté de la porte, et, après avoir demandé à la servante une tranche de jambon et un verre de bière, il se mit à observer et à écouter les gens qui l’avaient nommé.

Regardé avec plus de soin, ce groupe d’étrangers, dans ce village, paraissait véritablement bizarre ; leur élégance se compliquait de pittoresque, d’imprévu, d’exotique même : non, ces gens n’étaient point des bourgeois des cités prochaines, ni de riches campagnards ; ils arrivaient sans doute de très loin, et de pays différents ; les habits des hommes, fracs noirs ou bleus, à boutons de métal, redingotes à brandebourgs, dolmans passementés, les toilettes