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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/309

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FRÉDÉRICK

fourrant dans sa poche, le retirant, le jetant sous son aisselle, le replaçant sur ses cheveux, il criait d’une voix claire, par paroles dures et brèves qui étaient comme un roulement de petits cailloux cassés :

— Puéril ! fou ! absurde ! L’abbé Glinck ne sait ce qu’il dit. Le nouveau roi ne vaudra pas mieux que l’ancien. Qu’y aura-t-il de changé ? Un nom. Frédérick fera justement ce que Joseph a fait. Il présidera le conseil des ministres, passera des revues, et, dans ses loisirs, visitera les ateliers des peintres. Quant à la musique, il ne s’en inquiétera guère. Et pourtant, la musique, c’est le vrai art allemand ! L’Angleterre a Shakespeare, la France a Victor Hugo, l’Allemagne a Sébastien Bach, Beethoven et moi ! Sans la musique, pas de gloire allemande. Le drame lyrique est la réalisation suprême, absolue, de notre idéal national ! Mais si vous dites cela aux princes de notre pays, ils haussent les épaules et ils ordonnent à leur chambellan ou à l’intendant général des théâtres d’engager des comédiens français pour la prochaine saison ; il nous faudrait « Fidelio », ou « Floris et Blancheflor » ; on nous donne les vaudevilles de M. Scribe. Et cet état de choses est éter-