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LE ROI VIERGE

ne voit rien, sinon une pâle et belle figure qui regarde fixement, avec des yeux où tout le ciel s’est réfugié. Il est beau, ce jeune roi ! Dis, Brascassou, est-il content ? le sais-tu ? Trouve-t-il que je suis une Blancheflor assez belle et assez violente ? Où est le prince Flédro-Schèmyl ? Pourquoi n’est-il pas venu déjà ? Enfin, il devrait être là ; il pense bien que je veux savoir tout de suite ce que pense le roi ! J’ai peut-être été stupide, froide ? Que sais-je ? Voyons, remue-toi ; que fais-tu là, planté comme un terme, et me regardant avec tes petits yeux qui clignent ? Va chercher le prince Flédro, qu’il vienne à l’instant…

Brascassou dit, étonné, inquiet peut-être :

— Ah çà ! Frascuèla, qu’est-ce qui te prend ? je ne t’ai jamais vue comme te voilà. Tu es extraordinaire, toujours ; mais tu l’es ce soir d’une façon que je ne te connaissais pas. Dis-donc, est-ce que tu serais amoureuse du roi pour de vrai ?

Elle se renversa dans un fauteuil en jetant tous ses cheveux derrière le dossier.

— Je te dis que je suis folle ! C’est la faute de cette musique aussi. Il semble que l’on chante