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FRÉDÉRICK ET GLORIANE

c’est que je parlais à toi, à toi, entends-tu ? et non à ce comédien stupide qui s’effarait dans mes embrassements et s’étonnait de mes baisers, ne sachant pas que, sur sa bouche, je dévorais la tienne. Toi non plus tu ne savais pas, et tu avais peur, on me l’a raconté ; oui, ton chambellan, le prince Flédro-Schèmyl. Tu ne voulais pas me voir, tu disais : « Qu’elle s’en aille ! » Enfant ! Pourquoi ? Moi, je n’ai pas voulu partir, et je suis venue, et me voici, t’adorant. Ah ! écoute bien. La reine, oublie-la ; Blancheflor, c’est peu de chose ; celle qui est entrée ici, — je ne sais comment ; on m’a conduite par des couloirs sombres et je t’ai trouvé tout à coup, — celle qui est entrée ici, c’est moi-même, c’est Gloriane, la Frascuèla, comme on disait. Tu ne peux pas imaginer combien je suis belle ! Tu fermes les yeux, tu écartes tes mains, tu détournes tes lèvres ; ah ! le fou ! comme tu as tort ! Je te le dis, les statues où revivent les déesses sont moins superbes que ma nudité de neige ou de marbre ; du satin tissé avec des filaments de lys, c’est ma peau, et les plus ardentes des roses rouges fleurissent aux pointes de mes seins. Et puis, il faut