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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/83

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GLORIANE

une gravité respectueuse. Néanmoins Brascassou entra, et, sur un geste poli du perruquier, s’assit devant une tablette de marbre surmontée d’un miroir qui penche ; puis il se tint coi, un peu embarrassé. Ne sachant comment occuper ses yeux, il considéra les affiches de parfumeries parisiennes, dont les cadres d’or décoraient symétriquement les quatre murs de la boutique ; il regarda aussi l’homme qui se faisait raser. Un homme de soixante ans environ, chauve, avec une frange plate de cheveux gris, qui lui descendait sur les oreilles et jusqu’à la nuque, comme une coiffe sans fond, trop large pour la tête. L’air digne, tout de noir habillé, ce devait être quelque important personnage de la ville, un fonctionnaire sans doute. Un peu inquiet de cette présence austère, Brascassou ne se hâtait pas d’engager l’entretien avec le barbier, lequel, d’ailleurs, promenant l’acier du rasoir avec une délicate prestesse sur le menton mousseux de son client, paraissait profondément absorbé dans cette occupation, et ne s’en interrompait que pour dire, en saluant jusqu’à terre : « Que Don José veuille bien pencher le cou en arrière ! » ou bien : « Que Don José daigne me permettre de lui relever le bout