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Page:Mendès - Les 73 journées de la Commune, 1871.djvu/121

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LA POSTE ET LE CITOYEN THEIZ.

mune, la tête nue, ceints d’une écharpe rouge. Hélas ! du rouge toujours.

Enfin, entre une double haie infinie de gardes nationaux, se resserre une foule démesurée d’hommes, de femmes, d’enfants, recueillis, tristes, quelques-uns en pleurs.

Le long cortége suit les boulevards. Il vient de l’hospice Beaujon, il va au Père-Lachaise ; sur son passage toutes les têtes sont nues. Un homme, à une fenêtre, garde son chapeau ; on le hue ; il se découvre. Honte à qui ne salue pas ceux qui sont morts pour une cause qu’ils croyaient juste ! Ne pensez plus, devant ces cadavres qu’on emporte, au mal causé par les hommes qu’ils furent ; ils sont morts, ils sont sacrés. Mais songez, — oh ! à cela, songez-y ! — que c’est au crime de quelques-uns qu’est due la mort d’un si grand nombre, et hâtez de tous vos vœux l’heure où s’appesantira sur les coupables, quels qu’ils soient, à quel parti qu’ils appartiennent, l’inexorable vindicte qui précipite les destinées humaines.

XXXVI.

Plus de lettres ! Comme au temps du siége, si vous tenez absolument à obtenir des nouvelles de votre mère ou de votre femme, il faudra, s’il vous plaît, vous adresser à des somnambules ou à des tireuses de cartes. La chose n’est pas si compliquée que l’on croit : vous n’êtes pas sans posséder un ruban, une boucle de cheveux, un rien ayant appartenu à la personne absente ? Cela