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Page:Mendès - Les 73 journées de la Commune, 1871.djvu/157

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LA PRESSE INDÉPENDANTE.

siens. Voici cette note : « Les fausses nouvelles les plus audacieuses sont répandues dans Paris, où aucun journal indépendant ne peut plus paraître. » De ces quelques lignes on peut conclure qu’aux yeux du gouvernement de Versailles, tous les journaux dont les rédacteurs en chef n’ont pas abandonné leur poste, se sont entièrement soumis à la Commune et ne pensent ou ne disent que ce qu’elle veut bien leur permettre de dire ou de penser. Il y a là une très-coupable calomnie. Non, grâce à Dieu, la presse parisienne n’a pas renoncé à son indépendance, et si l’on veut bien, comme il est juste de le faire, ne pas tenir compte d’un tas de petites gazettes qui naissent et meurent çà et là et de quelques feuilles rédigées par des membres de la Commune, — on sera forcé de reconnaître au contraire que, depuis le 18 mars, la grande majorité des journaux a fait preuve d’une indépendance très-hautaine et d’une grande bravoure. Chaque jour, sans se laisser intimider ni par les menaces, ni par les suppressions à main armée, ni par les arrestations, elle a dit leur fait aux membres de la Commune, sans réticences ni périphrases. Certes, la presse française, en général, a eu des torts graves, ces dernières années ; elle n’est pas tout à fait irresponsable des malheurs qui viennent d’accabler le pays, mais, ces torts, elle les répare à cette heure, elle les fait du moins oublier par son attitude aussi ferme que dangereuse en face des hommes de l’Hôtel de Ville. Oui, elle juge, condamnant ce qui est condamnable, résistant aux violences, essayant d’éclairer la population. Parfois aussi — et c’est peut-être là son grand crime aux yeux du gouvernement de Versailles — elle se permet de ne pas approuver